Greenpeace conteste la propagande d'Areva dans les journaux français

Dans Le Monde daté du samedi 5 mai, un papier intitulé : « Areva joue sa crédibilité sur le réacteur finlandais » vante les mérites de l'industrie nucléaire française Areva. Ce matin, même ton dans le Parisien avec un article intitulé : « Pourquoi la Finlande a choisi l'EPR ».

Tout comme Jean-Michel Bezat, le journaliste du Parisien, Marc Lomazzi, a été spécialement envoyé en Finlande, miraculeusement au moment où le nucléaire, sujet très controversé, fait enfin débat au plus haut niveau et sur la scène publique.

« Dix huit mois de retard qui pourraient coûter à Areva 500 à 600 millions d'euros. (...) Rien ne leur aura été épargné : contrôles tatillons des autorités finlandaises, défaillances de sous-traitants locaux, incidents en chaîne, mauvais conditions météo... » écrit le journaliste du Parisien pour tenter de disculper Areva du retard de 18 mois accumulé après un peu plus d'un an de chantier.

Greenpeace s'étonne que dans l'article du Parisien tout comme dans l'article du Monde, ce retard soit implicitement attribué à l'autorité de sûreté nucléaire finlandaise, qui aurait l'idée saugrenue de tout vérifier « dans le moindre détail » selon Le Monde ou d'effectuer « des contrôles tatillons » selon Le Parisien.

Pourquoi donc ces deux journalistes traitent avec autant de légèreté les quelque 700 non-conformités ou violations des spécifications de qualité et de sûreté, qui ont été détectées sans être correctement prises en charge par le système de contrôle qualité ?

Que signifie la chute de ces deux articles, véritables plaquettes commerciales d'Areva qui vantent la relance du nucléaire ?

En dépit d'annonces répétées, Areva n'a toujours pas remporté et signé le moindre contrat en dehors des Epr finlandais et français. Areva tente de se persuader d'un renouveau mondial de l'industrie nucléaire en panne depuis l'accident de Tchernobyl. Pour sa part le groupe intergouvernemental d'experts sur le climat vient d'annoncer, à Bangkok, que « l'énergie nucléaire, qui contribue à 16% de production d'électricité mondiale en 2005, pourrait atteindre 18% de la production totale d'électricité en 2030 [...], mais la sécurité, la prolifération des armes et les déchets restent des contraintes ». (paragraphe 10 du rapport du Giec.)

Le Giec ne prévoit qu'une progression de 2 % du nucléaire dans la production de l'électricité à l'échelle mondiale. En revanche, toujours selon le Giec, les renouvelables progresseront de 12 à 15 %. « Les énergies renouvelables ont, en général, un effet positif sur la sécurité énergétique, l'emploi et la qualité de l'air. Compte tenu des coûts en comparaison à d'autres options, l'électricité renouvelable qui représentait 18 % de la fourniture électrique globale en 2005 peut atteindre une part de 30-35 % de la fourniture totale d'énergie en 2030 ». (paragraphe 10 du rapport du Giec)

D'autre part, le journaliste du Parisien écrit dans un encadré qu' « en brûlant près de 20 % d'uranium en moins, l'EPR produira de l'électricité moins cher et limitera le volumes des déchets. »

Cette information est incomplète. Selon l'industrie nucléaire, l'EPR produirait, à production comparable, 15 % de déchets nucléaires de moins qu'un réacteur actuel mais l'EPR est conçu pour utiliser jusqu'à 100 % de MOX, combustible plus radioactif que l'uranium et qui met trois fois plus de temps à refroidir, et donc plus complexe à stocker !

Le journaliste du Parisien ne s'arrête pas là et écrit sans hésiter, que l'EPR « est protégé par une coque de béton capable de résister à la chute d'un avion et en cas d'accident grave, une enceinte piégerait le coeur en fusion évitant toute pollution radioactive :».

Greenpeace tient à rappeler qu'en 2003, la révélation d'un document classé « secret défense » a démontré qu'un EPR ne résisterait pas au crash suicide d'un avion de ligne, scénario de l'attentat du 11 septembre 2001 !

Dans les décrets publié par le gouvernement le 11 avril 07, il est d'ailleurs écrit chap IV. 2 :
« Les cas de charge à retenir pour la conception de cette paroi sont définis en considérant, d'une part, le trafic de l'aviation générale et son évolution prévisible et, d'autre part, par convention, la chute accidentelle d'un avion militaire. »Mais quid des avions de ligne de plus en plus nombreux ?

Greenpeace ne peut imaginer que Le Monde et le Parisien se satisfassent de ce type de travail journalistique, plus proche d'une retranscription de la plaquette de communication d'Areva que de l'investigation. Les chargés de campagne Energie de Greenpeace se tiennent à la disposition des journalistes pour répondre à toutes leurs questions.

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