Une mission de l'UNESCO envoyée en RDC après le massacre de plusieurs gorilles du Parc national des Virunga

Une mission de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et de l'Union mondiale pour la nature (UICN) partira le 11 août en République démocratique du Congo (RDC) afin d'enquêter sur les massacres de gorilles de montagne survenus, sans raison apparente, dans le Parc national des Virunga.

"Ces tueries sont un coup porté à la préservation des gorilles de montagne et un recul quant aux efforts faits pour protéger ce site", souligne un communiqué publié à Paris.

La mission, qui doit durer dix jours, se rend en RDC à l'invitation des autorités du pays et de l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN).

En concertation avec les autorités locales et les partenaires sur le terrain, les membres de la mission tenteront de déterminer les raisons pour lesquelles on s'en prend aux gorilles de montagne dont le nombre, dans le parc national, est estimé à 370 (sur une population mondiale de 700).

Sept d'entre eux ont déjà été tués dans des incidents séparés depuis le début de l'année.

Sur la base de ses conclusions, et en consultation avec les autorités congolaises, la mission proposera des mesures pour protéger les gorilles de montagne et pour améliorer la conservation de ce site de valeur universelle exceptionnelle, inscrit depuis 1979 sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, et depuis 1994 sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Cette mission s'inscrit dans le cadre du mécanisme renforcé de surveillance adopté lors de la 31e session du Comité du patrimoine mondial, à Christchurch (Nouvelle-Zélande), il y a à peine plus d'un moins.

L'absence d'explication aux récentes tueries est très préoccupante. En effet, il ne s'agit pas de cas classiques de braconnage dont la motivation est commerciale. En outre, les animaux ont été tués malgré un renforcement des patrouilles de surveillance et alors même que des militaires sont présents dans la zone.

Après des discussions avec Francesco Bandarin, Directeur du Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO, William Lacey Swing, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et chef de la Mission d'observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) a promis que la MONUC apporterait tout son soutien à la mission de l'UNESCO et de l'UICN.

Les membres de la mission rencontreront des représentants du gouvernement à Kinshasa. Ils recueilleront aussi des données, notamment les témoignages des gardiens et des administrateurs du Parc national, ainsi que des représentants de la MONUC et des communautés locales.

Les experts s'entretiendront par ailleurs avec des responsables politiques et militaires de la province. Ils examineront l'état de préservation du Parc national des Virunga, les menaces qui pèsent sur le site ainsi que sa gestion.

Enfin, ils étudieront l'incidence économique de la situation sur l'économie locale, notamment sur le tourisme. Les experts feront part de leurs conclusions aux autorités de Kinshasa et à leurs partenaires sur place et rédigeront un rapport sur la situation.

Situé dans le Nord-Est de la RDC, près des frontières ougandaise et rwandaise, le Parc national des Virunga, établi en 1925, est le plus vieux d'Afrique. Il revêt une importance cruciale pour la préservation in situ de la diversité biologique.

Sachant que cinq des sites de RDC inscrits sur la Liste du patrimoine mondial ont dû être placés sur la Liste du patrimoine mondial en péril, et compte tenu de la récente dégradation de la situation dans les Virunga, l'UNESCO a prévu d'organiser cet automne une réunion de haut niveau afin d'examiner les moyens d'améliorer la situation.

Elle rassemblera les autorités compétentes de RDC, des spécialistes du patrimoine naturel de l'UNESCO, des représentants de l'Union africaine et des organisations sous-régionales, ainsi que le président de l'UICN.

L'UNESCO et les observateurs s'inquiètent en particulier de ce que les progrès accomplis ces dernières années sur les plans militaire et politique n'ont pas contribué à la préservation des biens du patrimoine mondial en RDC, alors que leur intégrité avait pu être préservée pendant le conflit dans la région des Grands lacs (au tournant des années 1990 et 2000), grâce aux fonds alloués par la Belgique, l'Italie et la Fondation pour les Nations unies.

Les Virunga, ainsi que les autres zones de l'Est de la RDC sont aujourd'hui particulièrement vulnérables.

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