Réchauffement planétaire : Angela Merkel se rend au nord du cercle arctique

Pendant deux jours, la chancelière fédérale, Angela Merkel, s’est informée au Groenland sur les effets du réchauffement planétaire. Au cours de son expédition au nord du cercle arctique, elle a pu se rendre compte de visu du changement climatique.

C’est pourquoi, jeudi après-midi, le fjord glacé à proximité d’Ilulissat, ville située dans l’ouest du Groenland, était le point le plus important de son programme.
Lorsque de gigantesques blocs de glace se détachent du glacier Sermeq Kujalleg et s’abattent avec un fracas assourdissant dans le fjord glacé d’Ilulissat, c’est une véritable attraction pour les touristes. Mais pour les chercheurs, le détachement des icebergs est un signal d’alerte qu’il faut prendre au sérieux.

Les experts du "Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat" (GIEC) estiment qu’il reste moins de 15 ans pour empêcher la fonte de la calotte glaciaire du Groenland. Selon la NASA, l’agence spatiale américaine, le Groenland perd chaque année 220 kilomètres carrés de glace, soit le double de ce qu’il perdait en 1996.

La neige fond "Nous devons visibiliser des processus politiques importants", a déclaré Mme Merkel peu après son arrivée. C’est, à son avis, le seul moyen de lutter avec "élan et efficacité" contre ce phénomène. Elle s’est dite très impressionnée par la beauté des paysages et d’autant plus choquée par les traces du changement climatique. Il est vrai que le volume du glacier, qui est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, a énormément diminué ces dernières années. Le glacier avance aujourd’hui à une vitesse de 20 mètres par jour.

Vendredi, la chancelière a survolé les paysages polaires et atterri dans une petite station de recherche, appelée Camp Truffer, sur le glacier Eqi. Les scientifiques qui l’accompagnaient lui ont expliqué que le nombre d’icebergs a certes augmenté, mais qu’ils sont plus petits qu’avant. Au Groenland, la température moyenne a en effet déjà augmenté de 1,5 degré.

La chancelière était par ailleurs accompagnée du ministre fédéral de l’Environnement, Sigmar Gabriel, ainsi que du premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, et du premier ministre du territoire autonome du Groenland, Hans Enoksen.

Avec sa superficie de 2,2 millions de kilomètres carrés, le Groenland est au moins six fois plus grand que l’Allemagne. Il ne compte cependant que 56 000 habitants. Près de 85 % de sa superficie sont recouverts d’une couche de glace datant de plusieurs millénaires et épaisse de 2 500 à 3 000 mètres.

Le Groenland est politiquement rattaché au Danemark, mais il dispose de son propre gouvernement et de son propre parlement. Depuis 1979, le Danemark est compétent avant tout pour la politique étrangère et de sécurité.

La politique du climat, une priorité

Ce voyage au Groenland est le premier d’une série de visites à l’étranger au cours desquelles la chancelière s’est fixé la protection du climat comme priorité. Elle est l’invitée du premier ministre danois. M. Rasmussen pense dès à présent aux nouvelles négociations sur le climat mondial qui débuteront à la fin de l’année à Bali. Les conclusions pourraient être adoptées en 2009 à Copenhague.

Dès la fin de la semaine prochaine, Mme Merkel se rendra en Chine et au Japon. Là aussi, elle plaidera, en tant que présidente en exercice du G8, en faveur de ses objectifs ambitieux en matière de protection du climat. Le Japon prend le relais de l’Allemagne à la tête du G8 l’année prochaine. Quant à la Chine, elle fait partie des cinq pays émergents avec lesquels le G8 veut coopérer étroitement dans les années à venir.

Fin septembre, la chancelière fédérale prendra la parole devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Viendra ensuite le sommet sur le changement climatique, annoncé et préparé par la présidence allemande du G8, qui réunira les membres du G8 et les pays du "dialogue élargi" (Outreach), c’est-à-dire la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud.

La problématique du climat figure cependant aussi en tête de l’ordre du jour de la politique intérieure allemande. La semaine prochaine, le gouvernement fédéral se réunira à Meseberg pour discuter de la mise en œuvre nationale des objectifs de protection du climat.

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