Arlette Laguiller : "Malgré les commandes d'Airbus, Louis Gallois n'a pas l'intention de toucher au plan de 10 000 suppressions d'emplois"

Le Salon aéronautique du Bourget, qui vient de fermer ses portes, s'est achevé sur un concert d'autofélicitations des patrons d'Airbus. 728 commandes dont 425 fermes, portant sur toutes sortes d'avions, y compris sur le gros porteur A380 dont les retards de livraison ont été le facteur déclenchant de la crise chez l'avionneur. A ce qu'il paraît, l'ensemble des commandes représente quelque 100 milliards de dollars. Ce qui fait dire aux dirigeants d'Airbus que c'est leur meilleur salon depuis toujours.

Malgré ces commandes, il n'est cependant pas question de toucher au plan Power 8, c'est-à-dire au plan de 10 000 suppressions d'emplois avec des fermetures ou des reventes d'usines appartenant au groupe.

Le patron d'Airbus, Louis Gallois, considère que ces suppressions d'effectifs demeurent "indispensables" pour permettre à l'entreprise d'être plus "productive" face à la concurrence internationale.

Avant même ces nouvelles commandes, Airbus avait du travail pour les cinq ans à venir. Les suppressions d'emplois n'étaient pas seulement un drame pour ceux dont l'emploi va être supprimé, mais aussi pour ceux qui resteront et qui seront moins nombreux pour faire plus de travail.

C'est le même argument de "productivité" qui est utilisé dans toutes les entreprises où on aggrave les cadences, on diminue les effectifs ou, plus souvent encore, on fait les deux comme chez Peugeot-Citroën. Qu'il s'agisse des techniciens ou des ingénieurs hautement qualifiés d'Airbus ou des ouvriers sur chaîne de l'industrie automobile, tous les travailleurs sont logés à la même enseigne. C'est sur le dos de leurs travailleurs que tous les patrons cherchent à préserver leurs profits dans la concurrence internationale.

L'Etat agit de la même manière. Plusieurs ministres se sont succédé, la semaine dernière, pour justifier le non-remplacement d'un travailleur du service public sur deux partant à la retraite, par la nécessité de faire des économies en présentant la mesure comme un service rendu aux contribuables ! Et tel ministre d'oser expliquer à la radio que les insuffisances d'effectifs criantes dans les hôpitaux pourraient être compensées par des heures supplémentaires en vertu du slogan de Sarkozy "travailler plus pour gagner plus" ! Il faut une bonne dose de cynisme pour proférer des insanités de ce genre alors qu'il est de notoriété publique que le personnel hospitalier crève déjà sous le poids des heures supplémentaires et qu'en plus, elles ne sont même pas payées.

Et tout le reste est à l'avenant. Le nouveau plan de déremboursement de médicaments qui s'ajoutera à la franchise sur les actes médicaux rend l'accès aux soins de plus en plus cher. Et pourquoi ce recul de la protection sociale, aux conséquences dramatiques pour les plus pauvres ? En réalité, pour compenser le manque à gagner pour la Sécurité sociale de toutes les exonérations de charges patronales. Elles sont censées être compensées par l'Etat. Mais ce dernier ne le fait que partiellement et avec retard. Et, en dernier ressort, ce sont les assurés sociaux qui paient la facture.

Le patronat accentue son offensive contre le monde du travail poursuivie sous tous les gouvernements de droite comme de gauche. Il sait qu'il peut compter sur le gouvernement pour prendre toutes les mesures aggravant la condition ouvrière pour lui permettre d'augmenter ses profits. Et le gouvernement peut se targuer des élections qui ont conforté la droite au pouvoir.

Mais qu'ils se méfient ! Les travailleurs n'ont aucune raison de se laisser impressionner par le succès électoral de Sarkozy, ni par la majorité absolue de ses partisans à l'Assemblée. Malgré l'agitation tous azimuts du nouvel occupant de l'Elysée, il n'a les mains libres qu'à l'Assemblée. Il n'a pas plus de moyens que ses prédécesseurs pour faire face au monde du travail si celui-ci se fâche. Et, à force de semer le vent du mécontentement avec ses mesures, Sarkozy récoltera la tempête de la colère ouvrière qu'il mérite.

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