Constatant que 1,6 million de personnes dans le monde sont encore aujourd'hui privées d'accès à l'électricité et déplorant les dégâts provoqués par les changements climatiques, les ministres participant à la Réunion de haut niveau de la quinzième session de la Commission du développement durable (CDD-15), qui s'est ouverte ce matin, ont lancé un appel unanime en faveur d'actions urgentes dans ce domaine et dans ceux du développement industriel et de la pollution atmosphérique. La majorité, parmi la trentaine de ministres présents à cette rencontre, a salué l'engagement du Secrétaire général à placer en tête de ses priorités la recherche de solutions à la question des changements climatiques.
Débat de haut niveau
Mme GEORGETTE KOKO, Vice-Premier Ministre et Ministre de l'environnement, de la protection de la nature et de la ville du Gabon, a rappelé que depuis janvier 2006, son pays ne produisait plus que de l'essence sans plomb et avait décidé de diversifier ses sources d'énergie en vue de mettre à la disposition des populations une énergie plus propre. Dans les zones urbaines, la politique actuelle de fourniture d'énergie électrique vise à remplacer progressivement les énergies fossiles polluantes par le gaz naturel et l'hydroélectricité. En matière de développement industriel, le Gabon a souscrit à l'Initiative pour le renforcement des capacités productives de l'Afrique (IRCPA), qui fait partie du volet industriel du NEPAD.
En outre, nous venons d'adopter le Plan national de mise en oeuvre (PNM) de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POPS), a indiqué la représentante gabonaise. Ce plan stratégique identifie les priorités nationales pour une gestion écologiquement rationnelle des substances dangereuses, a-t-elle précisé. S'agissant enfin des changements climatiques, le Gabon, qui a classé 11% de son territoire national en aires protégées, concourt au maintien de l'équilibre écologique global, a indiqué Mme Koko. Elle s'est félicitée de l'adoption récente par le Forum des Nations Unies sur les forêts d'un instrument juridique non contraignant sur tous les types de forêts et d'un programme pluriannuel dont la mise en oeuvre nécessitera, de la part de la communauté internationale, la mobilisation de ressources importantes.
M. ONKOKEME MOKAILA, Ministre de l'environnement de la faune et du tourisme du Botswana, a exhorté la Commission à ne pas perdre l'enthousiasme résultant des initiatives mondiales. Il a souligné que son pays était en bonne phase avec les exigences du Plan « Action 21 ». Nous avons pris des initiatives pour réduire les effets négatifs des émissions de gaz à effet de serre sur la couche d'ozone, a-t-il notamment expliqué. Les stratégies nationales comprennent l'établissement d'une autorité nationale qui prépare des initiatives de développement durable, a indiqué le Ministre. Les incidences des changements climatiques sur la santé sont très graves, a-t-il ensuite rappelé. Il a souligné que ce sont les pauvres qui les subiront le plus. L'une des questions sectorielles qui doit recevoir le plus d'attention est l'égalité entre les sexes, a-t-il indiqué. Les femmes et les enfants sont en effet souvent les plus vulnérables face aux changements climatiques. Le Ministre a plaidé en faveur d'une approche intégrée des démarches de développement durable. Nous ne pouvons atteindre les OMD si nous ne mettons pas en oeuvre le Plan d'Action 21 et le Programme d'application de Johannesburg, a-t-il relevé. Le partage des connaissances en matière de recherche est aussi essentiel, a-t-il ajouté.
M. HASSAN YOUNES, Ministre de l'électricité et de l'énergie de l'Égypte, a déclaré que l'énergie devait être mise au service du développement durable, en mettant l'accent sur l'utilisation maximale des mélanges énergétiques, du gaz naturel et des ressources disponibles d'énergie renouvelables. Il a soutenu l'amélioration constante des mesures énergétiques les plus efficaces. En dépit du fait que 99% de la population égyptienne ont accès à l'électricité, la demande croissante de courant électrique dans le pays nécessitera une gestion plus rationnelle des ressources, a indiqué le Ministre. Pour atteindre les objectifs d'Action 21, la délégation a estimé qu'il fallait surmonter plusieurs obstacles: le manque de financement de projets visant à fournir des énergies propres; le coût élevé des technologies propres et alternatives; et une coopération régionale trop fragile. À cette fin, le Ministre a proposé de renforcer le soutien international aux activités de coopération régionale, de diversifier les sources d'énergie, et de renforcer les programmes de coopération technologique.
M. MAMADOU LAMINE BA, Ministre de la planification, du développement durable et de la coopération internationale du Sénégal, a noté que beaucoup reste encore à faire en matière de développement durable, car les moyens disponibles sont encore bien insuffisants par rapport aux besoins. L'effort de partenariat est plus que nécessaire pour permettre aux pays en développement de mettre en oeuvre les engagements déjà pris depuis 1992, d'autant plus que ces États sont les moins préparés et les plus vulnérables aux changements climatiques, a-t-il fait remarquer. Il a rappelé que la responsabilité de ces changements incombe aux pays développés. Le Président du Sénégal a mis l'accent sur la sécurité énergétique, à travers l'exploitation du potentiel de biocarburant du pays, a poursuivi le Ministre.
M. MONYANE MOLELEKI, Ministre des ressources naturelles du Lesotho, a indiqué que son pays essayait de respecter toutes les initiatives de l'ONU visant à promouvoir le développement industriel, tout en restant attentif aux exigences du développement durable et en s'assurant d'une pollution atmosphérique minimale, voire nulle. Notre stratégie de réduction de la pauvreté comprend tous les éléments du développement industriel, a-t-il précisé. Nous pensons que d'ici l'an 2015, nous pourrons atteindre la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement, en profitant des avantages que nous avons, comme notamment l'abondance en eau, a-t-il ajouté.
Mme SOLEDAD BLANCO, Représentante de la Commission européenne, a relevé le consensus général qui existe sur le fait que le changement climatique est bien réel, qu'il s'accentue, qu'il est provoqué par les activités humaines et que ses conséquences seront graves. L'Union européenne s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici 2020, à utiliser 20% d'énergies renouvelables et à réduire de 20% sa consommation énergétique dans le même temps. Nous sommes actifs chez nous, en Europe, mais aussi auprès des pays africains, a-t-elle poursuivi. Elle a ainsi évoqué un nouveau partenariat qui appuie les infrastructures africaines et qui est financé par un nouveau fonds d'affectation spéciale pour la promotion des infrastructures en Afrique. La représentante a aussi parlé de l'initiative de fonds d'affectation pour les pays en développement, destiné aux énergies renouvelables et à l'efficience énergétique, le GIEREF. Nous espérons que d'autres pays développés suivront ces exemples, a-t-elle indiqué.
M. HAMID CHABAR (Maroc) a indiqué que son pays s'est doté d'une politique énergétique qui se base notamment sur la diversification des sources d'énergie. Elle est basé sur cinq piliers qui sont: la libéralisation; la diversification des sources d'énergie; la généralisation de l'accès de la population à l'énergie, y compris les ruraux; la promotion des énergies renouvelables; et l'efficacité énergétique. La politique en cours au Maroc encourage le partenariat, notamment avec le secteur privé, pour une meilleure utilisation de l'énergie. Dans ce cadre, le privé assure 60% de la production d'électricité et participe à tous les programmes lancés en la matière. En 2007, le monde rural devrait avoir totalement accès à cette énergie. Le Maroc, qui privilégie le développement des énergies renouvelables, a mis en place un Centre de développement de ces énergies, a précisé le représentant, et a commencé la mise en oeuvre d'un Plan d'action pour ces énergies, avec le lancement de trois parcs éoliens et la diffusion de l'énergie solaire au niveau des foyers et des établissements communautaires. Grâce à cette politique, la part du pétrole et des hydrocarbures est passée de 74% en 1995 à 61% actuellement. Un certain nombre de projets ont été lancés avec les partenaires européens entre autres, a ajouté M. Chabar. Le représentant a ensuite proposé huit recommandations que la CDD pourrait adopter, comme par exemple encourager la mise en place de mécanismes de financement pour encourager la mise en oeuvre de programmes nationaux en matière d'énergies renouvelables. Il a aussi proposé de renforcer la coopération à tous les niveaux pour promouvoir l'accès à l'énergie.
M. MARK MWANDOSYA, Ministre de l'environnement de la République-Unie de Tanzanie, a regretté que les pays les plus pauvres soient les plus touchés par les effets du changement climatique, alors qu'ils en sont pourtant les moins responsables. Du coup, leurs efforts pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont durement affectés. C'est pourquoi la Tanzanie estime que l'adaptation aux effets du changement climatique doit devenir une priorité dans les discussions présentes et à venir au sein de la CDD. À cette fin, un engagement renouvelé des pays les plus développés est nécessaire pour permettre le transfert de technologies aux pays en développement, en conformité avec la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) et son Protocole de Kyoto, a dit le Ministre tanzanien. Pour sa part, la Tanzanie continue de soutenir le Mécanisme pour un développement propre en tant que mécanisme de coopération pour mettre en oeuvre le Protocole de Kyoto ainsi que l'initiative récente proposée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) de mettre en place un groupe international d'experts chargé d'examiner l'utilisation durable des ressources naturelles.
Table ronde sur la pollution atmosphérique/atmosphère et les changements climatiques
Ouvrant cette table ronde, M. JOHN HOLDREN, de l'Université de Harvard, a évoqué les conclusions du rapport de la Fondation des Nations Unies, publié en février dernier et qui fait état de trois options pour faire face aux changements climatiques à savoir l'atténuation, l'adaptation ou subir les conséquences des changements climatiques. A l'heure actuelle, nous vivons les trois options mais il nous faut déterminer quelle sera leur proportion à l'avenir, a-t-il expliqué.
Le Ministre de l'environnement de Maurice, a évoqué trois problèmes de fond pour les petits États insulaires en développement, à savoir le manque de données, le manque de capacités techniques et la faiblesse des capacités institutionnelles. La Ministre de l'agriculture et des questions foncières de l'Afrique du Sud a indiqué que les changements climatiques touchent davantage les pays en développement qui sont plus vulnérables. Les femmes sont frappées directement par les changements climatiques, notamment en raison de l'augmentation du coût de l'énergie. Les femmes doivent devenir des pionnières pour ce qui est de la promotion du biocombustible.
Table ronde sur l'énergie au service du développement durable et du développement industriel
Les participants à cette table ronde de haut niveau se sont penchés sur les moyens à développer, notamment en matière de ressources financières et d'investissements, pour mettre plus rapidement en oeuvre des services énergétiques modernes au service du développement durable et du développement industriel.
De leur côté, les États Membres ont évoqué au cours de cet échange leurs propres expériences. Plusieurs d'entre eux ont souligné la nécessité de développer les énergies renouvelables et de promouvoir le progrès technologique. La délégation de laChine a ainsi jugé que la communauté internationale devait étudier les différentes stratégies de conservation de l'énergie en permettant la diffusion des technologies à un rythme plus rapide. La conservation de l'énergie représente une option gagnante sur les tableaux, a noté pour sa part le représentant d'Israël, pour qui l'État devait prendre à cet égard les devants. Des efforts doivent être entrepris dans le but de diversifier les sources d'énergie, a dit la délégation de l'Afrique du Sud, en observant que le nucléaire était une piste possible en tant que source d'énergie propre. Cela peut marcher si on a les bons outils en place, a ajouté ce pays. Faisant écho à l'intervention de M. Valli Moosa, la délégation des États-Unis a insisté sur les impératifs d'une bonne gouvernance, notamment sous la forme de bonnes réglementations et de bonnes politiques publiques. |
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