Les États - Unis jugent très inquiétant l'assassinat de journalistes dans le monde

Les États-Unis demeurent "gravement préoccupés" au sujet de l'assassinat de journalistes dans divers pays, notamment celui de la journaliste russe Anna Politkovskaya en octobre 2006, ainsi que des mesures d'intimidation dont ils font l'objet.

Dans le communiqué de presse qu'il a diffusé le 30 avril, le département d'État indique que l'accroissement des entraves à la liberté de la presse dans le monde inquiète également les États-Unis.

Dans de nombreux pays, dit-il, "les pouvoirs publics ont rendu plus strictes les lois sur la diffamation, et les médias sont de plus en plus entre les mains des pouvoirs publics et de forces pro-gouvernementales".

En outre, le nombre des organes de presse indépendants ne cesse de diminuer, alors que les restrictions à l'emploi des moteurs de recherche de l'internet et au droit de s'exprimer sur l'internet se multiplient. "Ceux qui tentent de découvrir, de recevoir ou de disséminer de façon indépendante des informations et des idées font l'objet de persécutions".

L'assassinat d'Anna Politkovskaya, déclare le département d'État, constitue « un affront aux médias libres et indépendants et aux valeurs démocratiques ». Elle était "un symbole de courage et de liberté qui, dans la meilleure tradition du journalisme et de la liberté de la presse, enquêtait sur les dossiers les plus difficiles, en particulier en révélant les violations des droits de l'homme qui ont lieu en Tchétchénie, et qui s'était dédiée à la découverte de la vérité derrière l'histoire".

Son assassinat a "choqué et profondément attristé" les États-Unis, indique le communiqué de presse du département d'État en renouvelant l'appel des États-Unis au gouvernement russe pour qu'il poursuive son enquête afin de découvrir et de traduire en justice ceux qui ont commis ce crime atroce.

Le département d'État se félicite que l'UNESCO ait décerné cette année, à titre posthume, le prix mondial de la liberté de la presse Guillermo Cano à Anna Politkovskaya.

Guillermo Cano, qui était le directeur du quotidien colombien "El Espectador", a été assassiné par deux tueurs à gages en décembre 1986. Selon l'UNESCO, il a été la victime de trafiquants de stupéfiants, qu'il dénonçait courageusement et dont il soulignait les effets néfastes sur la société colombienne.

Chaque année, l'UNESCO décerne le prix Cano, dont le montant atteint 25.000 dollars, à une personne ou à un organisme qui oeuvre en faveur de la défense ou de la promotion de la liberté de la presse. C'est un jury composé de 14 journalistes et rédacteurs professionnels du monde entier qui a sélectionné Anna Politkovskaya, dont la nomination a été annoncée le 30 mars par le directeur général de l'UNESCO, M. Koïchiro Matsuura.

Le prix Cano est remis chaque année le 3 mai, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Le dixième anniversaire de la création de ce prix sera célébré lors d'une conférence sur la liberté de la presse qui doit avoir lieu les 3 et 4 mai à Medellin (Colombie), ville natale de Guillermo Cano. Pendant cette conférence, une cérémonie sera organisée à la mémoire d'Anna Politkovskaya, et le directeur général de l'UNESCO, M. Matsuura, le vice-président de la Colombie, M. Francisco Santos Calderon, et le fils de la défunte journaliste, M. Ilya Politkovsky, prendront la parole à cette occasion.

La Journée de la liberté de la presse sera célébrée dans le monde entier

De nombreux pays ont prévu diverses activités à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Un haut responsable de la direction de la démocratie, des droits de l'homme et du travail du département d'État, M. Jonathan Farrar, participera le 3 mai à une discussion en ligne sur les mesures prises par les États-Unis pour défendre la liberté de la presse à travers le monde.

En annonçant cette discussion en ligne, le département d'État a déclaré que la liberté de la presse constituait "l'un des piliers de la démocratie" et que les services de M. Farrar étaient résolus à appuyer dans le monde entier les programmes de promotion de la démocratie portant sur la liberté de la presse ainsi que sur l'observation des élections, sur les institutions législatives et sur des questions connexes. Ces services consacrent aussi, chaque année, une partie du rapport sur les droits de l'homme à la liberté de la presse.

Pour sa part, l'UNESCO a indiqué que la conférence de Medellin, qui aurait pour thème la liberté de la presse, la sécurité des journalistes et l'impunité, examinerait la nouvelle inquiétante selon laquelle "le journalisme est plus dangereux que jamais".

Selon Reporters sans frontières, a-t-elle dit, 2006 a été l'année la plus meurtrière à ce jour. Plus de 150 journalistes et techniciens des médias ont été assassinés ou sont morts de causes inexpliquées. Ce rythme paraît se poursuivre en 2007 ; déjà 50 professionnels des médias ont été tués, a indiqué l'UNESCO en ajoutant que jamais dans l'histoire on n'avait enregistré un aussi grand nombre de journalistes tués.

La conférence de Medellin portera aussi sur la criminalité, la corruption et le journalisme de terrain. Dans de nombreux pays, les journalistes n'ont pas l'indépendance nécessaire pour découvrir la corruption et l'abus de pouvoir et pour dénoncer les violations des droits de l'homme.

L'UNESCO organise aussi à Amman (Jordanie) et à Sainte-Lucie (Antilles) une conférence pour célébrer la Journée mondiale de la presse, ainsi qu'un débat à Londres (Grande-Bretagne) sur les menaces mondiales qui pèsent sur la liberté de la presse.

La conférence d'Amman portera sur la sécurité des journalistes et sur l'impunité des auteurs de crimes contre les médias. Selon des groupes de défense de la liberté de la presse cités par l'UNESCO, environ 85 % de ceux qui ont assassiné des journalistes au cours des quinze dernières années n'ont pas fait l'objet d'une enquête ou d'une traduction en justice.

À Sainte-Lucie, des journalistes et des représentants d'organes d'information antillais se réuniront les 2 et 3 mai pour examiner les problèmes auxquels se heurtent les médias régionaux en ce qui concerne la défense de la liberté d'expression.

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