La BNF rend hommage à René Char, grande figure de la poésie française

A l'occasion du centenaire de la naissance de René Char (1907-1988), la Bibliothèque Nationale de France consacre une exposition à cette grande figure de la poésie française, la première que la capitale consacre à l'ensemble de son oeuvre depuis sa disparition. Un parcours de près de quatre cents pièces - manuscrits, imprimés, estampes, photographies, dessins, peintures - rend hommage au poète et à l'homme d'action qu'il fut, magnifiquement, sa vie durant.

L'exposition met en lumière le jaillissement de la création poétique : premiers jets, manuscrits de travail ou mis au net, accompagnés des remarques du poète qui en éclairent la genèse.

La poésie de René Char entretient des liens étroits avec une existence profondément ancrée dans l'aventure du groupe surréaliste auquel il appartint de 1929 à 1934, puis aux combats de la Résistance, dont il fut l'un des chefs. Par la suite, Char ne cessa de réagir publiquement et dans son oeuvre à l'émergence des totalitarismes, ainsi qu'aux évolutions d'une civilisation qui lui semblait hostile à la poésie.

Ses combats, ses amitiés, les rencontres marquantes de son existence sont évoqués grâce à des documents divers, notamment par des lettres extraites de l'abondante correspondance qu'il entretint avec Paul Eluard, André Breton, Georges Bataille, Albert Camus, Pierre Boulez, Martin Heidegger, mais aussi avec Gilbert Lely et Maurice Blanchard, deux poètes très proches de lui au cours de la période décisive des années 1937-1947.

René Char a souvent écrit sur la peinture, art qui l'inspira continûment. Il fut l'ami proche de nombreux artistes, tels Victor Brauner, Georges Braque, Nicolas de Staël et Vieira da Silva. Leurs tableaux accompagnent son oeuvre et représentent pour lui une ouverture sur un espace voisin, communiquant avec celui de la poésie. Le livre, imprimé ou manuscrit, offre le plus naturel des terrains de dialogue entre peinture et poème. L'exposition présente des toiles d'artistes admirés, de Georges de La Tour à Zao Wou-ki, et plus d'une trentaine de manuscrits enluminés ou illustrés, tels Poèmes, avec des bois de Nicolas de Staël, L'Inclémence lointaine, lithographié par Georges Braque ou Lettera Amorosa, enrichi de gravures de Viera da Silva.

Enfin, le parcours est scandé par des accompagnements sonores et des témoignages audiovisuels (lectures de poèmes de Char, musique de Boulez composée d'après les textes de René Char, films à lui consacrés).

L'exposition n'aurait pu avoir cette ampleur exceptionnelle sans les prêts généreusement consentis par Madame Marie-Claude Char, par une quarantaine d'institutions publiques parmi lesquelles figure notamment la Bibliothèque Jacques Doucet et par de nombreux collectionneurs privés. Elle se fonde aussi, bien évidemment, sur les collections de la BNF qui conserve l'ensemble des manuscrits de René Char "enluminés" par des peintres pour Yvonne Zervos de 1948 à 1970, puis, après la mort de celle-ci, pour l'auteur lui-même. La Bibliothèque détient également plusieurs correspondances importantes (lettres de René Char à Albert Camus et à Georges Bataille, notamment) ainsi que l'ensemble des livres de René Char imprimés par Guy Lévis Mano et par Pierre-André Benoit, et les archives de ces deux poètesimprimeurs, où figurent nombre de manuscrits autographes, de lettres et de photographies du poète.

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