Cameroun : le pillage des forêts continue !

Le nouveau rapport des Amis de la Terre « FIPCAM: Hold up dans les forêts du Cameroun », co-publié avec Greenpeace, démontre une nouvelle fois qu'une société européenne (FIPCAM) peut couper illégalement l'équivalent de plus d'un million d'euros de bois et le revendre sur le marché européen en toute impunité.

Depuis 2004, les Amis de la Terre France et Cameroun observent l'activité des entreprises forestières dans le Bassin du Congo. Ce nouveau rapport dénonce les activités d'exploitation illégale de la société italienne FIPCAM (Fabrique Industrielle de Parquet du CAMeroun autour de la réserve du Dja, classée au patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO. La France est l'un des principaux pays importateur de ces bois.

Pour Sylvain Angerand, chargé de campagne Forêt aux Amis de la Terre : «L'exploitation forestière au Cameroun profite toujours aux mêmes : les forêts se vident de leurs bois précieux, les animaux disparaissent sous la pression des braconniers et les populations locales se retrouvent au bout du compte encore plus pauvres, dans un environnement dégradé, dont elles ne pourront plus tirer aucun bénéfice ».
Ce nouveau cas d'exploitation illégale est d'autant plus scandaleux que l'entreprise FIPCAM a multiplié les déclarations d'intentions, a signé un Code de Déontologie et est membre de la fondation européenne pour la préservation des ressources forestières de la forêt africaine [1].Ces initiatives ont été créées par l'Association Inter Africaine des Industries Forestières (IFIA),le lobby des exploitants de bois tropicaux, pour continuer à écouler leurs produits sur le marché européen de plus en plus éco-sensible : « Ce n'est pas la première fois que nous alertons l'IFIA sur le comportement douteux de l'un de ces membres mais aucune sanction n'est jamais prise : il ne s'agit que d'un verdissement de façade » s'indigne Sylvain Angerand.

Plus inquiétant, ce rapport montre que l'entreprise FIPCAM a fait pression sur le gouvernement du Cameroun pour étouffer le scandale : «La corruption gangrène tous les efforts qui peuvent être menés. Le poids financier de ces entreprises, les liaisons douteuses avec les généraux et les politiques sont un frein à la bonne gouvernance et donc à l'exploitation forestière durable » conclut Sylvain Angerand.

A l'heure où l'Europe est en train de construire un partenariat avec les pays producteurs de bois tropicaux pour lutter contre le commerce de bois illégal dans le cadre du programme FLEGT, ce rapport montre l'ampleur du chemin à parcourir mais surtout la nécessité de ne pas se reposer uniquement sur les « belles paroles » des entreprises.