Michel Vauzelle : "La République est en péril !"

Peut avant son meeting à Valbonne, Michel Vauzelle, président de la région Provence Alpes-Côte d’Azur, avait convoqué la presse et les représentants syndicaux, à Nice, pour évoquer la dégradation des services publics dans les Alpes-Maritimes et dans notre région.

Celui qui est à l’initiative de la pétition "la plus signée par les français", comme l’a rappelé Patrick Allemand, portant sur l’inscription à notre Constitution d’une Charte des services publics "afin de garantir le droit pour tous à des services publics de qualité et de proximité" est particulièrement inquiet face à "un gouvernement ultra-libéral qui a dans l’idée d’imposer à la France un modèle de société à l’américaine."

Le Parlementaire socialiste à cité quelques exemples, ici en PACA, de la conséquence de la politique du gouvernement

Extraits de son intervention à la presse :

Sur l’Hôpital St Roch et le service public hospitalier : "L’hôpital St Roch est un parfait exemple de la manière dont le gouvernement déclasse le service public. Initialement destiné à devenir un grand pôle de santé publique, promis aux usagés niçois depuis des années, il accueillera finalement les bureaux de la Communauté urbaine. Estimé entre 70 et 100 millions d’euros, le CHU a été vendu 55 millions. Cette somme ne sera même pas réinvestie puisque cela représente la moitié du surcoût du chantier de l’hôpital Pasteur II et qu’au final ces 55 millions ne serviront qu’à payer les intérêts d’emprunt. Une fois de plus on a bradé les bijoux de famille en s’appuyant sur une logique comptable."

"Dans le même temps, le système de financement des hôpitaux dit tarification à l’activité (plus on délivre d’actes, moins ils sont rémunérés) étrangle tous les CHU de France, d’autant que les activités dites "non-rentables" comme la réanimation ou les blocs de chirurgies lourdes restent prioritairement à la charge de l’hôpital et que les partenariats public/privé font passer des pans entiers de la santé dans les établissements privés. Cela se traduit par une diminution des effectifs (70 postes en moins, en 2 ans, au CHU de Nice) et des fermetures de lits qui ne sont pas compensées."

"La santé s’éloigne vers les centres où vivent les privilégiés. Quelques exemples : la fermeture des services d’alcoologie, de pédiatrie et de deux centres de géronto-psychiatriques à Digne, la fermeture d’un centre psychiatrique à Forcalquier, la fermeture de la chirurgie, d’un centre de psychologie pour enfants et des soins continus polyvalents à Sisteron, la fermeture de la radiothérapie à Gap, la fermeture de la maternité à la Seyne, la fermeture de la chirurgie et des soins continus à Valréas…"

Sur le service public éducatif : "C’est la suppression de 40 000 postes dans l’Education Nationale, dont plus de 15 000 en PACA… Dans les Alpes-Maritimes, à la rentrée scolaire 2009-2010, en élémentaires-primaires, c’est 55 fermetures de classes pour 20 ouvertures, soit un solde négatif de 35… La disparition des RASED, qui pour cette rentrée représente 30% des fermetures sur le département (23 en élémentaire et 7 en maternelle)… La fermeture des Classes d’Intégration Scolaires accueillant les enfants handicapés... la suppression de 400 postes dans les lycées de la région… "

Sur le service public judiciaire, l’ancien ministre de la Justice à rappelé que :

"la réforme de la carte judiciaire c’est : la suppression de 172 Tribunaux d’Instance, 23 de Tribunaux de Grande Instance, 55 Tribunaux de commerce, 62 Conseils de Prud’Hommes" citant en exemples : "la suppression des tribunaux d’instance de Forcalquier, Barcelonnette, Briançon, Arles, Hyères et d’Apt ; la suppression des tribunaux de commerce de Menton, d’Arles, de Brignoles et de St-Tropez. La suppression des Conseils de Prud’Hommes de Briançon, de Manosque, de Menton, de Salon de Provence et de Carpentras."

En matière de sécurité : "L’UMP fait de l’insécurité son fond de commerce. La réalité c’est 9 000 postes supprimés dans les forces de police et de gendarmerie" "A Nice, ce ne sont pas moins de 6 commissariats qui ont été fermés ces dernières années : celui de Cernuschi, de Dabray, de La Californie, de Châteauneuf, de Smollet et celui de la Promenade du Paillon" rappelant que "le commissariat Foch a été sauvé par une pétition lancée par les élus de Gauche."

Citant également l’exemple de la SNCF et de la poste, où les facteurs lui ont offert un tee-shirt en remerciement à son soutien, le Président de la Région a déclaré : "La République en péril !".

Nice : Inégalité dans les franchises des parkings !

Dans une lettre rendue publique, les conseillers municipaux Robert Injey et Emmanuelle Gaziello, interroge le premier adjoint au maire de la ville de Nice, Benoit Kandel, sur l’inégalité constaté sur les franchises des parkings de la SEMIACS.

"Nous avons découvert fortuitement que le parking Vallombrose, parking SEMIACS, unique parking qui accueille les visiteurs des hôpitaux Pasteur et Antoine Lacassagne, n’autorise pas de franchise d'une heure comme dans les autres parkings SEMIACS, notamment du centre ville. Alors que ce parking accueille les usagers d’un grand service public essentiel à la population, comment comprendre que ces franchises, payées par l'argent du contribuable, n'aient eu pour but que de favoriser les commerces, et donc l'activité économique ?", s’interrogent les deux élus.

Logement : la Communauté Urbaine ne sera jamais en conformité avec la loi SRU

Le Président du groupe socialiste au Conseil Général des Alpes-Maritimes, M. Paul Cuturello, tenait une conférence de presse hier après-midi avec Patrick Allemand, 1er vice-président au Conseil régional, afin d’expliquer les motivations qui ont conduit l’opposition à voter contre la délibération 15.1 au Conseil Communautaire du 4 décembre dernier, relative au Programme Local d’Habitat 2010-2015.

Si les élus saluent "les efforts dans ce dossier" ils demeurent sceptiques sur les objectifs fixés, rappelant qu’au 1er janvier 2008 "il manquait 24 357 logements sociaux" sur le territoire communautaire et pensent que "le retard ne sera jamais rattrapé" et qu’en conséquence "la Communauté Urbaine ne sera jamais en conformité avec la loi SRU."

Il faut dire que dans ce domaine "la question du foncier est la clef du problème et le nerf de la guerre" comme l’a souligné Paul Cuturello dans son intervention au Conseil Communautaire. Mais alors que faire pour que les collectivités fassent preuve de volontarisme en matière de logement pour répondre aux situations d’urgences pour les sans-logis et les mal-logés ? La solution est peut-être dans l’idée du président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, qui souhaite "aider les élus en retard à atteindre le minimum de 20% de logements sociaux par commune" en proposant "une mise à disposition gratuite de terrains pour les bailleurs de logements sociaux."

Jacques Peyrat : "je vous demande de ne pas donner plus de puissance à l'UMP"

"Nous, citoyens français de Nice, sommes en face d’un monde en ébullition, d’une nation qui recherche son identité et d’une ville qui est à la dérive, sans capitaine à bord" déclare, celui qui fut de 1995 à 2008 le premier magistrat de la ville de Nice, à ses militants de l’Entente Républicaine, "qui a gagné deux batailles et qui en a perdu une, mais avec tout de même 25% du corps électoral qui s’est exprimé".

L’Entente Républicaine, qui fête ses quinze ans d’existence, tenait lundi dernier son assemblée générale, dans les grands salons de l’Hôtel Aston, trop petits pour accueillir les centaines de militants. L’Entente Républicaine est "une union qui va de la Gauche jusqu‘à la Droite" et qui "sera présente aux prochaines élections cantonales" déclare son président, réélu à l'unanimité, Maître Jacques Peyrat.

L’ancien député et sénateur des Alpes-Maritimes s’est livré ensuite à une analyse géopolitique pointant du doigt "les périls qui nous menacent tous" à savoir l’évolution démographique, les bouleversements climatiques, et le danger qui pèse sur le territoire face à un islam radical.

Citant les chiffres de l’Institut National Démographique qui prévoit que nous serons 9 milliards d’individus en 2050, "l’évolution démographique est une bombe qu’on ne mesure pas, avec les conséquences dramatiques qui en découlent à savoir la raréfaction de l’eau et de l’assainissement" ; "Il se consomme actuellement, dans nos pays européens, 250 litres d’eau par jour et par personne alors qu’il y en a à peine 10 litres dans les pays les plus importants de l’Afrique et de l’Asie" souligne l’ancien parlementaire. Sur l’évolution climatique, la perte de la biodiversité, la fonte des glaces, la raréfaction de certaines matières premières nécessaires pour l’évolution des hautes technologies comme le lithium, le platine, le palladium "je souhaite simplement que les cris qui ont été poussés soient suffisants pour protéger la planète, en tenant compte des dimensions des entreprises sans lesquelles on ne pourra pas faire vivre les 3 milliards d’individus qu’on nous annonce dans les quarante ans qui vont venir".

Rappelant l’agression de l’imam de Drancy, "agressé dans sa propre mosquée, parce qu’il défendait un islam républicain" ou d’une journaliste algérienne, "agressée en plein Paris, dans le Xème arrondissement parce qu’elle défendait les droits de la femme", Jacques Peyrat, qui souligne les risques d’une guerre entre un islam démocratique et un islam intégriste appelle cette religion "à faire sa propre révolution, sa propre "loi de 1905 sur la laïcité", pour nous mettre à l’abri face à un islam radical, moyenâgeux et haineux" à l’égard du monde occidental.

Entouré des deux conseillers municipaux, André Chauvet et Jean-Claude Mari, restés fidèles à sa personne, l’ancien sénateur-maire UMP de la ville de Nice a survolé les élections régionales et a appelé ses militants à ne pas s’abstenir : "les régionales arrivent : allez votez pour qui vous voulez. Si vous avez une inclinaison à Gauche, vous voterez bien sûr pour M. Vauzelle, si vous en avez une à Droite vous voterez pour M. Le Pen. Mais je vous demande de ne pas donner plus de puissance à l’UMP".

1ère partie de l'interview de l'ancien sénateur-maire de Nice :
Maître Jacques Peyrat


NeM : Bonjour Monsieur le Maire, comment allez-vous et que devenez-vous ?

Jacques Peyrat : Très bien. Très, très bien même. Bon je m’ennuie, parce que passer d’un rythme de travail, qui était en gros de sept heure du matin à onze le soir, samedi et dimanche compris bien sûr, et surtout une charge de responsabilités, et donc de préoccupations extrêmement importantes à un vide sidéral c’est un peu difficile de s’y faire. A telle enseigne que j’envisage de reprendre ma robe d’avocat et de reprendre mon métier… J’hésite encore parce que même si je m’ennuie un peu, on prend l’habitude de cette facilité… (Rires)

NeM : vous avez un parcours exceptionnel et riche. Vous commencez la politique à l’âge de seize ans au RPF, à vingt-deux ans vous avez connu la guerre, celle d’Indochine, où vous étiez engagé au sein de la Légion étrangère… ça marque un jeune homme…

Jacques Peyrat : Vous savez, tout chez moi a été un engagement : l’engagement politique. Quand je suis parti en Indochine je venais de terminer mon oral de troisième année de droit et j’étais donc licencié en droit et le lendemain matin je partais m’engager à la caserne Reuilly-Diderot, à Paris. J’ai signé mon contrat pour la durée des hostilités en Indochine. Tout cela c’était parce que, depuis des années, à Paris, à la fac de droit, au Panthéon je voyais, petit à petit la France se déliter déjà. Il y a longtemps que ça a commencé. Ça a commencé, à dire vrai, depuis 1936. Et puis acculé par la guerre, Guerre mondiale que j’ai connue enfant puisque je me suis enfui avec ma mère et ma grand-mère devant ceux que l’on appelait les prussiens. On ne les appelait même pas les allemands et surtout pas les nazis. C’était les prussiens car dans l’Est, chez moi, nos anciens s’étaient rappelés la guerre de 1870 qui avait laissé sur eux des impressions indélébiles. "Les prussiens qui coupaient la main des petits enfants", c’est ce que ma vieille Mélanie disait. J’ai donc assisté à ce désastre de l’armée française vaincue et s’enfuyant avec nous lorsque le front a cédé, et plus vite que nous d’ailleurs, les réfugiés. Et ceci m’a marqué. Et puis la Libération a amené un changement et un bouleversement des mœurs considérable, on a tout découvert là… Les bas, le chewing-gum, les tablettes de chocolat, les américains, le swing, le jazz… Et il y a donc eu une époque qui a commencé, qui est une époque de libertés, peut-être d’excès de libertés, de permissivité en tous cas et d’éclatement des mœurs et forcément des valeurs. Et nous nous battions avec quelques-uns en étant étudiants – on appartenait à une organisation rivale de celle de l’UNEF – pour l’Indochine française. Après je me suis battu pour l’Algérie française, et maintenant je me bats pour la France française… Donc finalement, si vous voulez, mon combat n’a pas changé.

NeM : En 1962 c’est l’engagement auprès de Jean Médecin. Vous serez son conseiller municipal, quels souvenirs avez-vous de cet homme ?

Jacques Peyrat : Un très grand souvenir. J’ai coutume de dire qu’il a été un petit peu mon maître. Il m’a fait l’honneur, précisément parce que je rentrais d’Indochine et que j’avais servi dans la Légion Etrangère où lui-même avait servi à la fin de la guerre de 1918, où il avait commandé une compagnie de légionnaires et avait fait la campagne du RIF. Et je pense que c’est un peu pour cela et aussi parce qu’il avait besoin de jeunes gens autour de lui, qu’il avait pensé à moi. Il m’a tout appris de la gestion territoriale et de la ville de Nice. Il parlait couramment le niçois, le Nissart. Je me rappelle de la dernière réunion des élections municipales… Ces élections municipales, elles étaient sous le signe de l’antigaullisme puisque se présentait à Nice un Général, glorieux d’ailleurs, le Général Louis Delfino qui avait commandé l’escadrille du Normandie-Niemen, en Russie. Il était originaire de Nice et il regroupait sur sa liste, ayant été désigné tête de liste par, à l’époque, ce qui devait être le RPF et probablement un peu sous l’ordre du Général de Gaule qui n’aimait pas beaucoup Jean Médecin, tous les députés et conseillers généraux gaullistes, déjà (sourire), qui étaient nombreux. Et on avait craint d’être battu. Et je le revois toujours, remettant sa cape sur ses maigres épaules - il est mort un an après- nous disant : "vous en faites pas les petits, vous allez voir… Lisez bien le journal du Rassemblement Républicain demain matin." Et le journal du Rassemblement Républicain présentait la liste des candidats, sur laquelle je figurais – pas dans les premiers mais plutôt dans les derniers (rires) – et sur laquelle il y avait en première page la photo de Jean Médecin avec seulement le texte de sa citation, la première à l’ordre de l’Armée : "Jeune chef, plein de dynamisme s’est élancé du parapet en entrainant son équipe, fusil et baïonnette au canon, en criant : "en avant les petits" et en chantant la Marseillaise". Le héros de Normandie-Niemen, glorieux pourtant, est passé à la trappe et nous avons été élus. Et je me rappelle de cette dernière réunion –dont je vous parlais - parce qu’il terminait toujours ses campagnes électorales par une réunion à la petite école de la rue Saint François de Paule où il s’exprimait uniquement en Nissart. Et ne venaient là uniquement les gens qui comprenaient cette langue. Et c’est comme cela que j’ai découvert, un peu, la face cachée de Nice qui est quand même, encore maintenant Nissart, et c’est tant mieux. Et je me suis attaché quand j’étais maire à faire tout ce que je pouvais pour retarder le moment où le Nissart serait oublié et ne serait plus parlé.

Williams Vanseveren-Garnier

Notes de l'auteur : la seconde partie de l'interview - qui en compte trois - sera diffusée la semaine prochaine. L'ancien sénateur-maire nous parlera : des langues régionales, des souvenirs qu'il a gardé de l'ancien maire Jacques Médecin, de l'affaire Spaggiari et des œuvres cinématographiques qui en ont été faites et de ses souvenirs au Palais Bourbon. L'ancien sénateur-maire de Nice s'est livré en toute simplicité à mes questions, qu'il en soit chaleureusement remercié.