Jacques Peyrat : "je vous demande de ne pas donner plus de puissance à l'UMP"

"Nous, citoyens français de Nice, sommes en face d’un monde en ébullition, d’une nation qui recherche son identité et d’une ville qui est à la dérive, sans capitaine à bord" déclare, celui qui fut de 1995 à 2008 le premier magistrat de la ville de Nice, à ses militants de l’Entente Républicaine, "qui a gagné deux batailles et qui en a perdu une, mais avec tout de même 25% du corps électoral qui s’est exprimé".

L’Entente Républicaine, qui fête ses quinze ans d’existence, tenait lundi dernier son assemblée générale, dans les grands salons de l’Hôtel Aston, trop petits pour accueillir les centaines de militants. L’Entente Républicaine est "une union qui va de la Gauche jusqu‘à la Droite" et qui "sera présente aux prochaines élections cantonales" déclare son président, réélu à l'unanimité, Maître Jacques Peyrat.

L’ancien député et sénateur des Alpes-Maritimes s’est livré ensuite à une analyse géopolitique pointant du doigt "les périls qui nous menacent tous" à savoir l’évolution démographique, les bouleversements climatiques, et le danger qui pèse sur le territoire face à un islam radical.

Citant les chiffres de l’Institut National Démographique qui prévoit que nous serons 9 milliards d’individus en 2050, "l’évolution démographique est une bombe qu’on ne mesure pas, avec les conséquences dramatiques qui en découlent à savoir la raréfaction de l’eau et de l’assainissement" ; "Il se consomme actuellement, dans nos pays européens, 250 litres d’eau par jour et par personne alors qu’il y en a à peine 10 litres dans les pays les plus importants de l’Afrique et de l’Asie" souligne l’ancien parlementaire. Sur l’évolution climatique, la perte de la biodiversité, la fonte des glaces, la raréfaction de certaines matières premières nécessaires pour l’évolution des hautes technologies comme le lithium, le platine, le palladium "je souhaite simplement que les cris qui ont été poussés soient suffisants pour protéger la planète, en tenant compte des dimensions des entreprises sans lesquelles on ne pourra pas faire vivre les 3 milliards d’individus qu’on nous annonce dans les quarante ans qui vont venir".

Rappelant l’agression de l’imam de Drancy, "agressé dans sa propre mosquée, parce qu’il défendait un islam républicain" ou d’une journaliste algérienne, "agressée en plein Paris, dans le Xème arrondissement parce qu’elle défendait les droits de la femme", Jacques Peyrat, qui souligne les risques d’une guerre entre un islam démocratique et un islam intégriste appelle cette religion "à faire sa propre révolution, sa propre "loi de 1905 sur la laïcité", pour nous mettre à l’abri face à un islam radical, moyenâgeux et haineux" à l’égard du monde occidental.

Entouré des deux conseillers municipaux, André Chauvet et Jean-Claude Mari, restés fidèles à sa personne, l’ancien sénateur-maire UMP de la ville de Nice a survolé les élections régionales et a appelé ses militants à ne pas s’abstenir : "les régionales arrivent : allez votez pour qui vous voulez. Si vous avez une inclinaison à Gauche, vous voterez bien sûr pour M. Vauzelle, si vous en avez une à Droite vous voterez pour M. Le Pen. Mais je vous demande de ne pas donner plus de puissance à l’UMP".

1ère partie de l'interview de l'ancien sénateur-maire de Nice :
Maître Jacques Peyrat


NeM : Bonjour Monsieur le Maire, comment allez-vous et que devenez-vous ?

Jacques Peyrat : Très bien. Très, très bien même. Bon je m’ennuie, parce que passer d’un rythme de travail, qui était en gros de sept heure du matin à onze le soir, samedi et dimanche compris bien sûr, et surtout une charge de responsabilités, et donc de préoccupations extrêmement importantes à un vide sidéral c’est un peu difficile de s’y faire. A telle enseigne que j’envisage de reprendre ma robe d’avocat et de reprendre mon métier… J’hésite encore parce que même si je m’ennuie un peu, on prend l’habitude de cette facilité… (Rires)

NeM : vous avez un parcours exceptionnel et riche. Vous commencez la politique à l’âge de seize ans au RPF, à vingt-deux ans vous avez connu la guerre, celle d’Indochine, où vous étiez engagé au sein de la Légion étrangère… ça marque un jeune homme…

Jacques Peyrat : Vous savez, tout chez moi a été un engagement : l’engagement politique. Quand je suis parti en Indochine je venais de terminer mon oral de troisième année de droit et j’étais donc licencié en droit et le lendemain matin je partais m’engager à la caserne Reuilly-Diderot, à Paris. J’ai signé mon contrat pour la durée des hostilités en Indochine. Tout cela c’était parce que, depuis des années, à Paris, à la fac de droit, au Panthéon je voyais, petit à petit la France se déliter déjà. Il y a longtemps que ça a commencé. Ça a commencé, à dire vrai, depuis 1936. Et puis acculé par la guerre, Guerre mondiale que j’ai connue enfant puisque je me suis enfui avec ma mère et ma grand-mère devant ceux que l’on appelait les prussiens. On ne les appelait même pas les allemands et surtout pas les nazis. C’était les prussiens car dans l’Est, chez moi, nos anciens s’étaient rappelés la guerre de 1870 qui avait laissé sur eux des impressions indélébiles. "Les prussiens qui coupaient la main des petits enfants", c’est ce que ma vieille Mélanie disait. J’ai donc assisté à ce désastre de l’armée française vaincue et s’enfuyant avec nous lorsque le front a cédé, et plus vite que nous d’ailleurs, les réfugiés. Et ceci m’a marqué. Et puis la Libération a amené un changement et un bouleversement des mœurs considérable, on a tout découvert là… Les bas, le chewing-gum, les tablettes de chocolat, les américains, le swing, le jazz… Et il y a donc eu une époque qui a commencé, qui est une époque de libertés, peut-être d’excès de libertés, de permissivité en tous cas et d’éclatement des mœurs et forcément des valeurs. Et nous nous battions avec quelques-uns en étant étudiants – on appartenait à une organisation rivale de celle de l’UNEF – pour l’Indochine française. Après je me suis battu pour l’Algérie française, et maintenant je me bats pour la France française… Donc finalement, si vous voulez, mon combat n’a pas changé.

NeM : En 1962 c’est l’engagement auprès de Jean Médecin. Vous serez son conseiller municipal, quels souvenirs avez-vous de cet homme ?

Jacques Peyrat : Un très grand souvenir. J’ai coutume de dire qu’il a été un petit peu mon maître. Il m’a fait l’honneur, précisément parce que je rentrais d’Indochine et que j’avais servi dans la Légion Etrangère où lui-même avait servi à la fin de la guerre de 1918, où il avait commandé une compagnie de légionnaires et avait fait la campagne du RIF. Et je pense que c’est un peu pour cela et aussi parce qu’il avait besoin de jeunes gens autour de lui, qu’il avait pensé à moi. Il m’a tout appris de la gestion territoriale et de la ville de Nice. Il parlait couramment le niçois, le Nissart. Je me rappelle de la dernière réunion des élections municipales… Ces élections municipales, elles étaient sous le signe de l’antigaullisme puisque se présentait à Nice un Général, glorieux d’ailleurs, le Général Louis Delfino qui avait commandé l’escadrille du Normandie-Niemen, en Russie. Il était originaire de Nice et il regroupait sur sa liste, ayant été désigné tête de liste par, à l’époque, ce qui devait être le RPF et probablement un peu sous l’ordre du Général de Gaule qui n’aimait pas beaucoup Jean Médecin, tous les députés et conseillers généraux gaullistes, déjà (sourire), qui étaient nombreux. Et on avait craint d’être battu. Et je le revois toujours, remettant sa cape sur ses maigres épaules - il est mort un an après- nous disant : "vous en faites pas les petits, vous allez voir… Lisez bien le journal du Rassemblement Républicain demain matin." Et le journal du Rassemblement Républicain présentait la liste des candidats, sur laquelle je figurais – pas dans les premiers mais plutôt dans les derniers (rires) – et sur laquelle il y avait en première page la photo de Jean Médecin avec seulement le texte de sa citation, la première à l’ordre de l’Armée : "Jeune chef, plein de dynamisme s’est élancé du parapet en entrainant son équipe, fusil et baïonnette au canon, en criant : "en avant les petits" et en chantant la Marseillaise". Le héros de Normandie-Niemen, glorieux pourtant, est passé à la trappe et nous avons été élus. Et je me rappelle de cette dernière réunion –dont je vous parlais - parce qu’il terminait toujours ses campagnes électorales par une réunion à la petite école de la rue Saint François de Paule où il s’exprimait uniquement en Nissart. Et ne venaient là uniquement les gens qui comprenaient cette langue. Et c’est comme cela que j’ai découvert, un peu, la face cachée de Nice qui est quand même, encore maintenant Nissart, et c’est tant mieux. Et je me suis attaché quand j’étais maire à faire tout ce que je pouvais pour retarder le moment où le Nissart serait oublié et ne serait plus parlé.

Williams Vanseveren-Garnier

Notes de l'auteur : la seconde partie de l'interview - qui en compte trois - sera diffusée la semaine prochaine. L'ancien sénateur-maire nous parlera : des langues régionales, des souvenirs qu'il a gardé de l'ancien maire Jacques Médecin, de l'affaire Spaggiari et des œuvres cinématographiques qui en ont été faites et de ses souvenirs au Palais Bourbon. L'ancien sénateur-maire de Nice s'est livré en toute simplicité à mes questions, qu'il en soit chaleureusement remercié.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est scandaleux