L'affaiblissement de la volonté de se donner du mal, par S.A.R. le Prince Charles-Philippe d'Orléans, Duc d'Anjou

A force de passer des heures chaque jour à regarder passivement la télévision depuis la plus tendre enfance, de plus en plus de jeunes ont perdu l'habitude de se battre pour gagner, autrement qu'avec des consoles de jeu électroniques.

On interdit souvent aux enseignants de comparer les performances des élèves au moyen de notes, pour ne pas traumatiser les plus faibles. On a allégé de plus en plus les programmes scolaires des enfants et adolescents, en exigeant de moins en moins d'efforts. C'est ainsi, par exemple, qu'on fait de moins en moins de calcul mental, qu'on ne fait plus faire de grandes divisions avec beaucoup de chiffres après la virgule, qu'on ne fait plus apprendre par cœur de longues récitations, qu'on ne fait plus de démonstrations de géométrie, etc…

Mais à force de ne plus avoir de mauvaise note à l'école, même quand ils ne se sont pas donnés le mal d'apprendre et de comprendre les connaissances qui n'entrent pas dans la tête toutes seules ; à force d'entrer en sixième même quand ils ont de grandes difficultés en lecture, orthographe et calcul, et de monter de classe même après une mauvaise année; à force de ne pas avoir de difficulté à vaincre, beaucoup de jeunes sont devenus faibles, beaucoup manquent de volonté, beaucoup se découragent à la moindre difficulté.

Alors les études difficiles comme les maths et la physique tentent de moins en moins de jeunes bacheliers. Selon le Conseil général de l'Essonne, depuis 1996 les DEUGS en science dure ont perdu 25% de leurs étudiants, et même 46% pour les DEUGS de physique. Il y a 20 ans, une vingtaine de polytechniciens docteurs ès sciences intégraient le CNRS chaque année ; aujourd'hui, ils ne sont plus que zéro ou un. Un professeur au Collège de France constate : "Moins de jeunes chercheurs signifie moins d'implication technologique et donc un déclin industriel."

Et le directeur de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne conclut : "La France va manquer d'ingénieurs dans l'industrie, ainsi que de techniciens. Or les pays industriels ne peuvent pas s'en passer : on a un PIB important grâce à notre technologie ! ".

La désaffection des jeunes Français pour les sciences exactes vient aussi d'une attitude générale de défiance vis-à-vis des sciences et des grandes entreprises. Parfois, cette peur des sciences conduit à de véritables attitudes de crainte superstitieuse, comme c'est le cas vis-à-vis des OGM, pourtant à l'origine d'innombrables médicaments et de plantes indispensables aux pays pauvres, qui ne peuvent se payer nos engrais et nos pesticides.

Il y a aussi un danger pour notre démocratie : le manque de connaissances scientifiques dû à la paresse allant de pair avec l'ignorance en matière d'économie et en matière d'événements politiques, les citoyens sont prêts à croire n'importe quoi, comme le montrent les innombrables exemples du livre disponible sur Internet "La démocratie malade des médias - Nous votons sans savoir".

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