Si nous partageons l’exigence formulée par le Président de la République sur la qualité des missions de service public, CAP21, parti écologiste présidé par Corinne Lepage tient à manifester ses plus vives inquiétudes sur l’avenir de l’audiovisuel public et les réels moyens qui vont lui être accordés.
En annonçant le 8 janvier dernier la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, le président provoqua une onde de choc dans le groupe France Télévisions, cette décision générant selon celui-ci un manque à gagner de 810 millions d’euros de recettes publicitaires auxquels s’ajoute le coût de remplacement des programmes estimé à 400 millions d’euros soit 1,2 milliards d’euros représentant 40 % du budget de France Televisions.
Le rapport Copé ramène aujourd’hui cette compensation à 650 millions d’euros en 2009 (950 millions en 2012), un chiffre très en deçà des besoins du service public, financés à la fois par un rattrapage de la redevance et son indexation sur l’inflation, la perception d’une taxe sur les opérateurs et fournisseurs d’accès internet et l’affectation des redevances perçues sur les radiofréquences électriques.
Dans ce contexte, les risques de démantèlement de l’audiovisuel public sont réels alors que les verrous se lèvent les uns après les autres pour développer le secteur privé (TF1, M6,…) en leur offrant une double coupure de publicité et la suppression des seuils anti-concentration : une aubaine pour les actionnaires des groupes concernés mais une réelle menace pour le pluralisme de l’information en France.
On peut aussi s’interroger sur l’avenir de France 3 en tant que chaîne généraliste nationale puisqu’on évoque la fusion de la rédaction avec celle de France 2 et la création de chaînes régionales avec réduction du nombre d’entités de 13 à 7. Quels moyens, quel avenir pour ses salariés ?
Il faut aussi évoquer la question de l’avenir de Radio France concernée par cette réforme. CAP21 s’oppose particulièrement à l’idée d’instaurer un nouveau prélèvement qui s’appliquerait aux possesseurs de radios (25 euros).
Se dirige-t-on vers une nouvelle ère, celle du « Sarkoberlusconisme » selon l’expression empruntée à Pierre Musso pour définir la stratégie actuelle de l’Elysée ?
L’absence réelle de concertation avec les professionnels de l’audiovisuel public amène aujourd’hui beaucoup plus de questions que de réponses et nourrit des inquiétudes fondées de la part des personnels mais aussi de tout ceux qui sont attachés aujourd’hui à l’indépendance et au pluralisme de l’information en France.
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