Législatives - François Bayrou : "Il faut un équilibre des pouvoirs"

François Bayrou a participé à un débat avec sa concurrente socialiste Marie-Pierre Cabanne sur France Bleu Béarn. Le candidat a insisté sur l'importance de l'équilibre des pouvoirs dans une démocratie. Il a réaffirmé son indépendance vis-à-vis de l'UMP et du PS. Enfin, le député des Pyrénées-Atlantiques a répondu sur des questions locales qui touchent à l'urbanisme, au développement économique et à l'aménagement du territoire.

"On a besoin de trouver dans nos institutions, un équilibre" a déclaré François Bayrou. Le député des Pyrénées-Atlantiques a souligné que les législatives étaient des élections très importantes car elles allaient dessiner le visage de la future Assemblée nationale. "On a besoin d'être assurés que les familles, les femmes et les hommes vont trouver des défenseurs" a insisté le candidat. Concrètement, il s'agit d'avoir la liberté et l'indépendance de dire ce qui va dans le bon sens et ce qui au contraire ne va pas dans la bonne direction : "A mon sens, tous les députés devraient être dans cet esprit-là". Selon lui, s'il y a un trop grand déséquilibre à l'Assemblée nationale avec une concentration des pouvoirs dans les mains d'un petit nombre, le Français vont s'apercevoir de l'appauvrissement que cela représente pour tout le monde y compris pour la majorité. François Bayrou a rappelé qu'il était attaché aux principes démocratiques et républicains au premier rang desquels figure l'équilibre des pouvoirs. Pour y parvenir, il faut, selon lui, une loi électorale juste où les écologistes et le centre sont représentés : il a souligné que le Mouvement Démocrate (MoDem) représente la troisième force politique française. Dans un système électorale normal, on est en droit d'obtenir entre 40 et 50 sièges quand on a réalisé près de 8% des voix.

Interrogé sur le désistement du candidat UMP dans sa circonscription, François Bayrou a jugé que cette décision n'était pas intervenue par affection pour lui mais relevait plutôt d'une tactique politique. Le candidat a tenu à préciser qu'il n'avait reçu aucun appel de l'UMP pour le prévenir et que lui-même n'avait passé aucun appel. Les résultats du premier tour où il est arrivé largement en tête devant l'UMP et le PS ont montré, selon lui, qu'on pouvait remporter une élection en affrontant les deux forces politiques dominantes. Ce résultat valide, à ses yeux, le chemin d'indépendance qu'il a choisi : il est convaincu que l'affrontement gauche-droite n'est pas une fatalité et que les gens de bonne volonté peuvent travailler ensemble : "C'est le seul chemin pour la France". Même si François Bayrou ne pourra pas constituer de groupe parlementaire, il pourra néanmoins s'exprimer autant qu'il veut à l'Assemblée, il a rappelé que Pierre Mendès France ou Mitterrand avant lui, l'avaient fait : "Quand on dit des choses justes et qu'on a une voix forte, cela porte".

La seconde partie du débat a porté sur les questions locales. Face à l'augmentation des prix des logements qui atteignent jusqu'à 220/240 euros/m2 dans certains quartiers, François Bayrou a expliqué que le député n'avait pas de baguette magique. S'il existe une marge d'action, elle passe, à ses yeux, par le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques : la création d'un établissement public foncier local a permis de réserver des terrains qui sont vendus en dessous du prix du marché. Il n'a pas caché que c'est le contribuable qui payait la différence mais il considère que cela vaut la peine notamment pour améliorer la mixité sociale.

S'agissant du développement de l'élevage porcin à proximité des lieux d'habitation, François Bayrou a rappelé que lorsqu'il était président du Conseil général, il avait obtenu l'appellation d'origine contrôlée pour le jambon de Bayonne. En contrepartie, le cahier des charges stipulait que l'on devait aboutir à zéro pollution et zéro nuisance. Grâce à un mode de traitement biologique des lisiers, les éleveurs sont parvenus à supprimer les odeurs et la pollution des sols. En revanche, il n'est pas favorable à un traitement des lisiers en usine et souhaite que l'on privilégie les petites structures.

Concernant le secteur aéronautique et en particulier l'entreprise Turbomeca qui fabrique des moteurs d'hélicoptères, François Bayrou a rappelé qu'il était intervenu en qualité de député quand l'entreprise a traversé une grave crise au début des années 90 : il a expliqué que Turbomeca avait bénéficié de prestations de l'Etat sous forme de crédits d'étude et de recherche, et de commandes militaires, ce qui avait permis à l'entreprise de se redresser. Il considère que la réflexion sur la construction d'une nouvelle route qui relirait Bordes où se situe Turbomeca à la RN117, n'est pas encore mûre. Il a d'ailleurs souligné que plusieurs tracés étaient encore à l'étude. Il comprend cependant la demande de l'entreprise mais aussi des riverains d'avoir une liaison avec l'autoroute. Dans le cas d'Airbus, François Bayrou a dénoncé les manquements de la direction de l'entreprise, et en particulier la guerre interne sur fond de guerre politique à laquelle se sont livrés ses dirigeants et qui a abouti à un accident industriel. "Quand on mélange la politique et l'industrie, on se trouve en défaut" a conclu le député. C'est pourquoi il a plaidé pour une séparation des pouvoirs politique et économique... et au-delà une séparation des pouvoirs politique et médiatique.

Enfin, François Bayrou a été interrogé sur le "quartier difficile" de l'Ousse-des-Bois. Le candidat considère que le feu couve encore dans les cités et que "c'est un des risques les plus importants de la société française" car des centaines de milliers de familles et de jeunes ont le sentiment d'être abandonnés et discriminés et que les populations d'origine française ont l'impression d'être encore plus maltraitées encore. C'est pourquoi il est opposé à la suppression de la carte scolaire car cela va, selon lui, renforcer la ghettoïsation de ces quartiers en créant des lycées de 1 e, 2 e et 3 e zone et cela va accentuer le sentiment d'abandon de ces populations. Il considère que sur un sujet aussi important que les banlieues, les principales formations politiques devraient être capables de se mettre d'accord sur un plan d'action à long terme...

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