Changements climatiques : l'heure du diagnostic est passée

L'heure n'est plus au diagnostic mais à l'action, ont dit hier les trois envoyés spéciaux du Secrétaire général sur les changements climatiques lors de leur première conférence de presse, à New York.

"L'heure du diagnostic est passée", a déclaré webcast l'ex-président du Chili, Ricardo Lagos Escobar.

"Nous comprenons bien notre mission, qui est de représenter le Secrétaire général auprès des interlocuteurs clefs afin de faire des progrès pour la conférence de Bali et pour un débat de haut-niveau prévu en septembre", a-t-il ajouté.

"C'est la première fois que l'on cherche à répondre à ce problème global par une solution globale", a-t-il souligné.

Interrogé sur l'intérêt particulier de leur mission face aux nombreux débats qui se tiennent déjà à l'ONU, il a répondu qu'il ne s'agissait plus d'une question scientifique, mais d'une action politique.

"Nous savons qui sont les principaux interlocuteurs. Il s'agit des gens qui disent non pour des raisons historiques, ou qui souhaitent imposer telle ou telle condition", a-t-il dit.

Han Seung-soo, ancien ministre des Affaires étrangères de la République de Corée et président de la 56ème session de l'Assemblée générale de l'ONU, s'est déclaré "très conscient de la responsabilité et de l'importance de cette mission et du fait que l'avenir de l'humanité en dépendait".

Gro Harlem Brundtland, ancienne Premier ministre de la Norvège et ancienne présidente de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, a insisté sur le fait que le dossier n'était "pas compliqué au point de vue scientifique mais politique" et qu'il concernait "les ministres des Finances, des Affaires étrangères, du Développement et les chefs d'Etats".

"Vous savez ce qui se passe lorsque l'on parle aux chefs d'Etats. S'ils n'étaient pas bien informés de la question, ils seront bien informés par leur ministres en préparation de ces rencontres", a-t-elle ironisé.

Ricardo Lagos Escobar a souligné qu'en premier lieu il faudrait savoir comment économiser l'énergie, ensuite comment produire de l'énergie non polluante.

"Je crois qu'au vu des prix actuels de l'énergie, on pourra convenir que les mesures destinées à réduire la consommation sont réalisables et ne coûteront pas plus cher, que l'on peut maintenir la croissance et qu'on pourra arriver à opérer les transferts technologiques nécessaires. Ca ne coûte pas plus cher dans les pays développés ou dans les pays développement".

Gro Harlem Brundtland a confirmé que le Secrétaire général Ban Ki-moon prévoyait l'organisation d'un débat de haut niveau préalable à l'ouverture du débat général de l'Assemblée générale en septembre 2007.

Han Seung-soo a précisé qu'il s'agirait d'une réunion informelle.

"Le Secrétaire général a déjà des contacts avec le président Bush, avec les Etats-Unis", a dit Gro Harlem Brundtland qui a dit que concrètement, "elle prendrait son téléphone pour appeler les chefs d'Etat et les dirigeants politiques".

Interrogés sur le point de savoir s'il faudrait modifier la mentalité des producteurs d'énergie, dont les pressions expliquent les réticences des Etats-Unis à parler de la question du changement climatique, Gro Harlem Brundtland a souligné que les Etats-Unis étaient impliqués dans la rédaction des rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), même s'ils n'avaient pas ratifié le Protocole de Kyoto.

Interrogé sur la non-ratification du Protocole de Kyoto par les Etats-Unis, Ricardo Lagos Escobar a affirmé de façon claire : "les Etats-Unis ont le droit de ne pas ratifier le protocole de Kyoto, mais si j'ai des problèmes au Chili à cause du changement climatique, à qui devrais-je m'adresser, si ce n'est à eux ? ".

"Je crois qu'il y a un changement dans les mentalités depuis l'année dernière", a conclu Ricardo Lagos Escobar.

Le dernier rapport du GIEC affirmait qu'il faudrait définir un "cadre solide d'ici à 2010 afin de s'assurer qu'il n'y ait pas de fossé entre la fin de la première période d'engagement du Protocole de Kyoto, en 2012, et l'entrée en vigueur d'un régime futur".

"Même avec les mesures d'atténuation prises actuellement et les initiatives de développement durable, les émissions annuelles de gaz à effet de serre devraient croître de 25 à 90% en 2030 par rapport à 2000", rappelait le Secrétaire général Ban Ki-moon dans un message à cette occasion.

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