CAP21 inquiet de la dégradation inexorable des ressources en eau par les pesticides

L’Institut Français de l’Environnement vient de publier son dernier rapport sur l’état de la contamination des eaux par les pesticides à partir de mesures effectuées au cours de l’année 2005 dans les cours d’eau et les nappes souterraines.

Ces données confirment comme d’habitude la dégradation des masses d’eau par les produits phytosanitaires. Aucun fleuve, aucune rivière, aucun cours d’eau ne semble aujourd’hui épargné par la présence de molécules toxiques (91 % des points de mesure des cours d’eau détectent des pesticides) tout comme 55 % des points de surveillance des nappes souterraines.

Les niveaux de contamination sont significatifs : 36 % des points de mesure en eaux de surface ont une qualité moyenne à mauvaise et 25 % des points de mesure en eaux souterraines ont une qualité médiocre à mauvaise.

Pour les eaux souterraines, entre 25 % et 45 % des stations ont une qualité médiocre à mauvaise pour l’usage eau potable et nécessiteraient un traitement d’élimination des pesticides si elles étaient exploitées. Malheureusement, l’Etat n’est pas encore en capacité d’évaluer séparément la contamination des nappes superficielles et celle des nappes plus profondes, en théorie plus protégées. Pour ces dernières, la contamination représente souvent de plus graves conséquences sur le plan patrimonial et pour la ressource en eau potable et il importe d’avoir un état des lieux précis sur cette question.

Pour Eric DELHAYE, porte-parole de CAP21, "la France est assise actuellement sur une bombe à retardement car la dégradation des eaux est lente et inexorable". Des modélisations établies par la communauté scientifique montrent ainsi la lenteur des transferts des produits chimiques vers un aquifère et des temps de dégradation qui se comptent en plusieurs dizaines d’années voir plus d’un siècle après leur emploi.

CAP21 déplore que le plan interministériel de réduction des risques lié aux pesticides présenté le 28 juin 2006 ne soit pas de nature à enrayer cette évolution.

Seule la mise en place d’une politique de soutien à l’agriculture biologique et aux systèmes de production intégrées apparait véritablement efficace pour supprimer ou réduire l’utilisation des pesticides de synthèse comme le proposait un rapport INRA/CEMAGREF publié en 2005. Cette politique pourrait être complétée par l’instauration d’une taxe suffisamment dissuasive sur les pesticides calquée sur l’expérience danoise et la protection immédiate de champs captants stratégiques pour la production d’eau potable.

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